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L'église conciliaire est-elle l'Eglise catholique? par Petrus (2005-05-03 00:31:05) Imprimer

La question qui se pose est celle-ci : l’église d’après Vatican II est-elle toujours l’Église catholique ? Pour y répondre, il suffit de considérer la définition de l’Église catholique et de s’interroger pour savoir si l’église dite « conciliaire » correspond à cette définition. Selon le Grand catéchisme de S. Pie X, (partie I, ch. X, § 2) : « L’Église catholique est la société ou la réunion de tous les baptisés qui, vivant sur la terre, professent la même foi et la même loi de Jésus-Christ, participent aux mêmes sacrements et obéissent aux pasteurs légitimes, principalement au Pontife Romain ».
Cette définition nécessite que l’Église conserve intact le dépôt de la Foi. Voilà pourquoi dans son encyclique Cum summi apostolatus (12 décembre 1768) Clément XIV rappela : « [Dieu] lui a confié [à son Église] le dépôt de sa foi à conserver avec un respect virginal. Il a voulu qu’elle fût le rempart inébranlable de la doctrine et de la vérité, dont les portes de l’enfer ne pourraient jamais triompher ». Cette affirmation fut reprise plus tard par le Code de droit canonique (de 1917) qui énonce : « Le Christ seigneur a confié à l’Église le dépôt de la foi, en sorte que, sous l’assistance continuelle du Saint-Esprit, elle garde saintement et expose fidèlement la doctrine révélée » (Canon 1322, § 1).



Un point central de la doctrine catholique

Or, la doctrine catholique a toujours voulu que — sauf ignorance invincible — hors de l’Église, personne ne puisse parvenir au salut éternel. Cette affirmation trouve son fondement dans l’Évangile de Saint Marc, lorsque, après sa résurrection, Jésus dit aux apôtres : « Allez par tout le monde, et prêchez l’Évangile à tout créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc, XVI, 15-16). Voilà pourquoi s’adressant aux Éphésiens, Saint Paul a déclaré : « Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Eph., IV, 5). Cette vérité a été rappelée en 1830 par Pie VIII. Dans sa Lettre apostolique Litteris alterao, il l’a qualifiée de « dogme le plus ferme de notre religion » : « Le dogme le plus ferme de notre Religion, c’est qu’en dehors de l’Église personne ne peut être sauvé ». Trente-six ans plus tard, dans son Encyclique aux évêques d’Italie, Pie IX confirma : « Il faut admettre comme de foi (tenendum est ex fide) qu’en dehors de l’Église apostolique romaine, personne ne peut se sauver ; qu’elle est la seule arche de salut, que celui qui n’y est pas entré périra dans le déluge » D’où le principe connu : « Hors de l’Église, point de salut ».

La liberté religieuse a été infailliblement condamnée par les papes

Voilà pourquoi les papes ont toujours condamné la liberté religieuse comme contraire à la doctrine catholique. Dans son encyclique Quanta Cura, ainsi, ce même Pie IX a dénoncé comme contraires à « la doctrine de la Sainte Écriture, de l’Église et des Saint Pères », les deux propositions suivantes :
A) « La meilleure condition de la société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violateurs de la religion catholique, si ce n’est dans la mesure ou la tranquillité publique le demande ».
B) « La liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme. Ce droit doit être proclamé et garanti dans toute société bien organisée… »

S’adressant à l’église universelle avec toute son autorité apostolique en matière de foi ou de mœurs, l’enseignement de Pie IX était infaillible.

Dignitatis Humanae du 7 décembre 1965

Un texte qui aurait dû être couvert par l’infaillibilité pontificale

Maintenant, considérons Dignitatis Humanae, signée le 7 décembre 1965 par Montini, alias Paul VI. Avant d’en découvrir le contenu, et pour éviter tout discussion stérile, soulignons que, dans sa forme, ce document est (ou devrait) être couvert par l’infaillibilité. En effet, la constitution dogmatique déclare :

Le collège des évêques en union avec le pape, soit dispersé dans le monde, soit réuni en concile œcuménique, est infaillible en matière de foi et de mœurs [Voy. abbé F. Verhelst, Dogmatique (éd. Albert Dewir, 1918), p. 64).].

On en déduit que pour être couverte par l’infaillibilité, une déclaration des évêques réunis en un concile œcuménique doit être :
1°) faite en union avec le pape (c’est-à-dire approuvée par lui) ;
2°) déclarée comme faisant partie de la Vérité révélée (donc concerner la foi ou les mœurs).

Je sais fort bien que certains, comme Michel Martin, tentent d’y ajouter d’autres conditions [Voy. la revue De Rome et d’Ailleurs, numéro spécial sur la liberté religieuse. M. Martin trouve cinq conditions pour qu’un enseignement papal soit infaillible (pp. 68 et suivantes).]. Mais les textes sont suffisamment clairs.
Cela dit, rappelons que le « deuxième concile » du Vatican était bien œcuménique, personne ne songe à le contester. Dans le message de clôture du 8 décembre 1965 au monde, on lit :

En cet instant solennel, nous, les Pères du XXIe Concile œcuménique de l’Église catholique, sur le point de nous disperser… [Voy. Concile œcuménique Vatican II. Constitutions, décrets, déclarations, messages (éd. du Centurion, 1967), p. 727.]

J’ajoute que contrairement à ce qui est parfois affirmé, il était bien dogmatique, puisque Lumen Gentium était une « Constitution dogmatique sur l’Église » (Constitutio dogmatica de Ecclesia). Par conséquent, l’argument selon lequel Vatican II était uniquement pastoral, ce qui aurait empêché, dès le départ, « l’intervention du charisme de l’infaillibilité », est à rejeter.
J’en arrive maintenant au nœud de l’affaire. Le 7 décembre 1965, ce « concile » publia une « déclaration sur la liberté religieuse » intitulée : Dignitatis humanae. Cette déclaration — qui concerne bien évidemment la foi — fut-t-elle été approuvée par le « pape » (ou, du moins, celui qui était reconnu comme tel) et présentée comme l’expression de la Vérité révélée ? Manifestement oui :

1°) Paul VI l’a signée en faisant précéder sa signature du texte suivant :

Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette déclaration ont plu au Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.

2°) Elle a été présentée — et pas qu’une fois au détour d’une phrase — comme l’expression de la Vérité révélée. Qu’on en juge par ces trois extraits :

[Le « concile »] déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l’ont fait connaître la parole de Dieu et la raison elle-même [§ 2].

Qui plus est, cette doctrine de la liberté a ses fondements dans la Révélation divine (…] [§ 9].

L’Église, donc, fidèle à la vérité de l’Évangile, suit la voie qu’ont suivie le Christ et les apôtres lorsqu’elle reconnaît le principe de la liberté religieuse comme conforme à la dignité de l’homme et à la révélation divine […] [§ 12].

Par conséquent, la publication de Dignitatis Humanae a été « accompli[e] selon les formes d’infaillibilité [que l’Église] s’est prescrites ».

Dignitatis Humanae prêche la liberté religieuse

Maintenant, venons-en au fond du document. Que lit-on (je souligne) ? « […] le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine, telle que l’ont fait connaître la parole de Dieu et la raison elle-même ». Et aussi :

A’) « Le Concile de Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part […] de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse, nul ne soit […] empêché d’agir, dans les justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres. »
B’) « Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l’ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un droit civil ».

Comparez avec ce qui a déjà été cité plus haut :
A) « La meilleure condition de la société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violateurs de la religion catholique, si ce n’est dans la mesure ou la tranquillité publique le demande ».
B) « La liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme. Ce droit doit être proclamé et garanti dans toute société bien organisée… »

De façon évidente, la proposition (A’) dit la même chose que la proposition (A), et la (B’) dit la même chose que la (B). Or, là où Pie IX parlait d’assertions contraires à la doctrine de la Sainte Écriture, Montini alias Paul VI parle d’assertions qui ont (même indirectement) leur fondement dans « la parole de Dieu ».

Réponse à une première objection

On pourra tenter de rejeter cette analyse en affirmant que, dans un monde où le catholicisme était persécuté, Montini voulait uniquement dire que chacun devait pouvoir agir selon sa conscience, sous-entendu « selon sa conscience rectifié par la vertu de prudence et adhérant au vrai », donc que chacun devait être libre de professer le catholicisme en privé ou en public.
Seulement, cette façon de rédiger des phrases ambiguës a toujours été celle des hérétiques soucieux de distiller leur venin. Dans sa bulle Auctorem fidei du 28 août 1794, le pape Pie VI l’avait dénoncée en écrivant : « Pour ne pas offusquer les oreilles catholiques, [les novateurs] cherchent à masquer leurs entrelacs de leurs tortueuses manœuvres par des manières de parler trompeuses, de sorte que, par le choix des termes, l’erreur s’inscrive de façon plus douce dans les âmes, et que la vérité une fois corrompue par de légers changements ou additions, la confession de la foi qui opérait le salut, conduise par un détour subtil à la mort ». Contre cela, Pie VI préconisait une méthode très simple : « quand il s’agit de rendre visibles les sentences, qui sous un voile d’ambiguïté renferment une erreur de sens suspecte ou dangereuse, il faut dénoncer la signification perverse sous laquelle se camoufle l’erreur opposée à la vérité catholique » (Id.).
Or, il va de soi que les affirmations contenues dans Dignitatis Humanae pouvaient — et devaient — être comprises comme un encouragement à la liberté religieuse pour tous, chrétiens, musulmans, bouddhistes etc., ainsi qu’à œcuménisme, ce qui, logiquement, imposait l’abandon de la formule : « Hors de l’Église, point de salut ». Avec K. Wojtyla, une première preuve fut apportée en 1982. Dans ses entretiens avec André Frossard, il parla de Dignitatis Humanae comme d’une déclaration « qui a marqué pour beaucoup d’observateurs la rupture de l’Église avec la célèbre formule “Hors de l’Église, point de salut” (et qui n’était d’ailleurs pas si terrible, nul ne connaissant les limites de l’Église) » [Voy. André Frossard, « N’ayez pas peur ! ». Dialogue avec Jean-Paul II (éd. Robert Laffont, 1982), p. 111.] A aucun moment, il n’a contredit les conclusions de ces « observateurs », démontrant ainsi son accord avec eux. Une deuxième preuve fut apportée un an plus tard, avec la promulgation du nouveau « Code de droit canonique ». Alors que l’ancien Code interdisait, dans son canon 731, d’administrer les Sacrements de l’Église aux hérétiques et aux schismatiques même de bonne foi, le nouveau autorisait l’administration de la Pénitence, d’Eucharistie et d’Onction des malades non seulement « aux membres des Églises orientales » (notez la majuscule), mais aussi aux « autres Églises qui, au jugement du Siège Apostolique, se trouvent pour ce qui concerne les sacrements dans la même condition que les Églises orientales susdites » (canon 844, § 3 [Voy. Code de droit canonique annoté (éd. de Cerf/éd. tardy, 1989), p. 494.]). Dans son Guide pratique du Code de droit canonique, le chanoine Roger Paralieu concéda que ces différences permettaient de « mesurer le chemin parcouru depuis quelques années dans les relations œcuméniques » [Voy. R. Paralieu, Guide pratique du Code de droit canonique (éd. Tardy, 1985), p. 280.]. Enfin, pour ceux qui auraient encore pu douter, une troisième preuve encore plus nette fut apportée le 27 octobre 1986, quand K. Wojtyla organisa la fameuse réunion d’Assise, durant laquelle il apparut au même rang que les chefs de toutes les religions.

La seule alternative qui existe…

Dès lors, il n’y a que deux solutions, sans moyen terme :

a) soit Pie IX (et aussi Léon XIII qui a condamné la liberté religieuse dans son encyclique Immortale Dei) s’est trompé et avec lui toute l’Église d’avant Vatican II qui n’avait donc pas la vraie foi ;
b) soit Montini s’est trompé, et à sa suite toute l’église de Vatican II, et ce sont eux qui n’ont plus la vraie foi.

…et l’option qu’il faut choisir

Aucune nouveauté dans Dignitatis Humanae

J’opte pour la deuxième solution et voici pourquoi : Dignitatis Humanae n’apportait absolument rien de nouveau qui aurait pu justifier ce virage à 180 degrés en faveur de la liberté religieuse (voy. la deuxième partie intitulée : « La liberté religieuse à la lumière de la Révélation »). Après avoir cité la parole du Christ rapportée par Saint Marc (voy. plus haut, Marc, XVI, 15-16) les auteurs ajoutaient immédiatement : « Mais, reconnaissant que l’ivraie avait été semée avec le froment, il ordonna de les laisser croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson, qui aura lieu à la fin des temps [voy. Matthieu, XIII, 30 et 40-42] ». Plus loin, ils écrivaient : « [Jésus] a rendu témoignage à la vérité, mais il n’a pas voulu l’imposer par la force à ses contradicteurs ».
C’est incontestablement exact. Mais je le répète : il n’y avait là absolument rien de nouveau, rien qui aurait pu être ignoré des prédécesseurs de Montini (sauf à admettre qu’ils n’aient pas lu la Bible !). La meilleure preuve est qu’en 2 000 ans d’histoire, l’Église a toujours pensé ainsi. Sauf cas exceptionnel, jamais elle n’a voulu contraindre des gens à embrasser la Foi. Elle a certes pu combattre des hérétiques les armes à la main, mais uniquement lorsque ceux-ci menaçaient la chrétienté.
En revanche, sachant qu’elle est la seule arche du salut, elle s’est toujours opposée à l’égalité des cultes, c’est-à-dire au fait que toutes les religions puissent s’exprimer publiquement dans la même mesure, comme si elles détenaient chacune une parcelle de la Vérité. Cela pour le bien de l’Homme et au nom du principe selon lequel l’erreur n’a pas les mêmes droits que la vérité (surtout lorsque la vie éternelle est en jeu !) ; Saint Augustin n’a-t-il pas dit : « Quelle pire mort pour l’âme que la liberté de l’erreur ? » Voilà pourquoi, dans les premiers siècles, des chrétiens ont renversé et brisé les statues des idoles auxquels on rendait un culte public. Voilà également pourquoi, dans les pays catholiques, seuls les catholiques pouvaient organiser des processions dans la rue, inscrire leurs fêtes dans le calendrier etc. Les temples, les synagogues et les autres lieux de culte devaient rester des endroits privés. Mais ils avaient le droit d’exister et il n’était pas question de les envahir pour contraindre par la violence ceux qui les fréquentaient à se convertir.
Etre contre la liberté religieuse n’impliquait donc pas la volonté — qui aurait été contraire aux enseignements du Christ — d’imposer par la force. Si bien que Dignitatis Humanae n’apportait aucun argument nouveau qui pouvait justifier ce revirement de l’Église.

Un argument sans valeur

Peut-être me répondrez-vous que, dans la (pesudo) encyclique, la liberté religieuse est justifiée plus particulièrement dans ce passage : « Aux origines de l’Église, ce n’est pas par la contrainte ni par des habiletés indignes de l’Évangile que les disciples du Christ s’employèrent à mener les hommes à confesser le Christ comme Seigneur, mais avant tout par la puissance de la parole de Dieu. […] vis-à-vis des faibles, même vivant dans l’erreur, leur attitude était faite de respect, manifestant ainsi comment “chacun d’entre nous rendra compte à Dieu pour soi-même” (Rom. XIV, 12), et, par conséquent, est tenu d’obéir à sa propre conscience ».
J’avoue que ce passage est d’une grande force (K. Wojtyla parle d’ « éloquence magistrale » [Voy. « N’ayez pas peur »…, op. cit., p. 111.]). Mais relisez, s’il vous plaît, l’Épître aux Romains, et plus particulièrement le chapitre 14 d’où est tirée la citation. Il n’y est pas question de gens qui n’ont pas la foi ; Saint Paul traite d’un problème entre chrétiens à propos de la nourriture. Les faibles dont il est question, ce sont ceux dont « la foi est faible » (Rom., XIV, 1) et qui, par conséquent, accordent beaucoup d’importance à l’aspect extérieur. Ainsi ne mangent-ils que des légumes pour plaire à Dieu (Ibid., v. 2), alors que ceux dont la foi est forte mangent de tout (y compris de la viande), car ils savent que l’important est ailleurs. Saint Paul s’adresse avant tout à ces derniers. Il leur demande :
a) de ne pas être l’occasion de scandale ou de chute en mangeant de la viande devant les faibles (Rom., XIV, 13-22) ;
b) de ne pas juger ceux dont la foi et faible et qui s’attachent aux aspects extérieurs car « chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même » (Rom., XIV, 12).
Par conséquent, si Saint Paul a pu écrire que chacun devait agir selon sa conscience et respecter l’autre au motif que nous serions jugés pour nous-mêmes, c’était uniquement dans le cadre d’une dispute entre chrétiens sur un problème de nourriture. Jamais Saint-Paul n’a écrit qu’en matière de foi, chacun devait agir selon sa conscience.
La meilleure preuve est qu’après la Pentecôte, des juifs qui avaient été convaincus par Pierre que le Christ était le Messie demandèrent : « Frères, qu’avons-nous à faire ? » (Actes, II, 37). Il leur fut ordonné : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ » (Ibid., v. 38). Jamais les Apôtres n’ont répondu : « Nous vous appelons à vous faire baptiser. Mais vous êtes libres d’agir selon votre conscience… » De même, dans son deuxième discours aux juifs, Pierre leur lança : « Repentez-vous donc et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés » (Actes, III, 19). Plus tard, à Lystres, Paul et Barnabé qui venaient d’accomplir un miracle furent pris pour l’incarnation de Zeus et d’Hermès. Emmenée par un prêtre païen, la foule voulut leur offrir un sacrifice avec des taureaux enguirlandés. Les apôtres dirent-ils : « Faites selon votre conscience » ? Absolument pas ! Ils « déchirèrent leurs vêtements » et crièrent : « Que faites-vous là, bonnes gens ? Nous aussi, nous sommes des humains, de même nature que vous, qui vous prêchons d’abandonner ces idoles et de vous tourner vers le Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment. » (Actes, XIV, 14-15). Ainsi parvinrent-ils à empêcher ce sacrifice (v. 18). De liberté de conscience, il n’était donc absolument pas question.
Ce détournement de l’Épître aux Romains pour lui faire dire ce qu’elle ne disait pas démontre la vraie nature de Vatican II : une œuvre diabolique (même si, au départ, ça a pu ne pas être le cas).

Sur les « nouveaux sacrements »

Je note d’ailleurs que la publication de Dignitatis Humanae précéda d’autres changements très graves. Je pense ici aux « nouveaux sacrements » promulgués en 1968-1969 et dont la plupart sont très probablement invalides.

L’avis d’une église dissidente

A ce sujet, il est intéressant d’écouter le jugement qu’ont porté sur ces changements les membres de certaines églises chrétiennes schismatiques. Je pense plus particulièrement à l’ « église catholique libérale » dont un « évêque », Charles W. Leadbeater, a publié, à la fin des années 20, un livre très imposant sur la science des sacrements. Une version française de cet ouvrage a été rééditée en 1978 avec une préface d’un autre « évêque », André Lhote. Celui-ci parle de « changements considérables [qui] sont intervenus [après Vatican II] dans les détails des rituels de plusieurs sacrements […] au risque d’en altérer la validité » [Voy. Charles W. Leadbeater, La science des sacrements (deuxième édition en langue française parue aux Éditions Saint-Alban, Paris, 1978), p. 1.]. Plus loin il écrit : « on a mutilé ces sacrements fondamentaux de l’Église Catholique » (Id.). Puis : « Dans son ouvrage [des années 20], Mgr Leadbeater se félicite de ce que l’Église Romaine ait conservé immuables les rites efficients dont elle avait hérité […]. Mais de nos jours, l’Église de Rome ne mérite plus ces éloges […], [elle] n’ plus cette position d’être le conservatoire des rites qui lui était reconnue dans le passé » (Ibid., p. 2). C’est très sévère, mais c’est incontestablement vrai.

Invalidité du nouveau sacrement d’ordination des prêtres

Pour la prêtrise, par exemple. Les novateurs ont agi avec finesse : le ministre, le sujet et la matière sont identiques. Quant à la forme, elle est quasiment identique : la nouvelle prière de consécration diffère de l’ancienne d’un mot seulement (sur les 31 que compte la prière), un petit mot latin de deux lettres : « ut » (« afin que ») qui a été omis. Pas grand-chose, me direz-vous. Matériellement, certes. Mais cette omission est capitale, car elle détruit toute relation causale entre la nouvelle infusion du Saint Esprit et l’obtention de l’office du second mérite en devenant prêtre. Là où l’évêque demandait à Dieu : « Répandez à nouveau dans leur âme l’esprit de sainteté, afin qu’ils [ut] puissent obtenir de vous, ô Dieu, l’office du second mérite [en devant prêtre] », on dit aujourd’hui : « Renouvelle dans leur cœur l’esprit de sainteté, qu’ils reçoivent de toi, Seigneur, la charge de prêtre du second ordre ». Il y a là une ambiguïté, car on peut croire que la prêtrise ne découle pas immédiatement de l’infusion de l’Esprit-Saint. Si l’on ajoute à cela que toute mention explicite au sacrifice propitiatoire de la croix a été supprimée dans le nouveau rite, on en déduit que la prêtrise selon Vatican II ressemble diablement — c’est le mot — à ce que font les protestants. Ce nouveau sacrement est donc invalide.

Réponse à une objection

Peut-être me répondrez-vous que je « pinaille », que je « coupe les cheveux en quatre ». Mais c’est oublier que l’Église accorde une importance primordiale à l’intégrité des sacrements. Dans un ouvrage sur la question, le Chanoine O. Schœllig a écrit : « Le sacrement serait administré invalidement si la forme subissait une altération essentielle, une suppression […] ne permettant plus d’en discerner le sens ou défigurant ce sens » [Voy. O. Schœllig, Les Sacrements (éd. Salvator, 1946), p. 17.]. Plus loin, il précise : « Si la prononciation d’un mot a été dérangée par un accident, comme la toux, il faut prononcer le mot une seconde fois, correctement » (Id.). C’est dire si l’Église est regardante. Or, le 30 novembre 1947, dans la Constitution apostolique Sacramentum Ordinis, Pie XII a déclaré que pour le sacrement de l’ordination au sacerdoce, la paroles « essentielles et partant nécessaire pour la validité » étaient les suivantes (je souligne) : « Da quaesumus […] ; innova in visceribus eius spiritum sanctitatis, ut acceptum a Te, Deus, secondi meriti […] ». Plus loin, Pie XII écrivait : « Nous ordonnons que toutes les prescriptions du Pontifical roman soient religieusement maintenues et observées […]. Nul n’aura le droit d’altérer la présente constitution par Nous donnée ni de s’y opposer par une audace téméraire » [Voy. Mgr Simon Delacroix, Document pontificaux de Sa Sainteté Pie XII (éd. Saint-Augustin, 1961), tome « 1947 », pp. 432-433.]. Bref, plus personne n’avait le droit de changer un mot aux paroles essentielles du sacrement d’Ordre, sous peine de le rendre invalide.

Sur le nouveau sacrement d’Eucharistie, des propos rassurants…

Soulignons d’ailleurs que les promoteurs de Vatican II ont été logiques avec eux-mêmes. Sachant qu’ils ne consacreraient plus de prêtres véritablement catholiques, ils ont également « réformé » le sacrement de l’Eucharistie, en gommant tout ce qui le différenciait du protestantisme. Là encore, il ont agi avec finesse. Au départ, ils se sont voulus rassurants (au moins pour les catholiques peu au courant des documents pontificaux, et notamment de la Bulle Quo primum tempore du pape Saint Pie V). Dans la Constitution sur la Liturgie, ils ont écrit : « gardant fidèlement la substance des rites, on les simplifiera ; on omettra ceux qui, au cours des âges, ont été redoublés ou ont été ajoutés sans grande utilité » (§ 50). Puis, comme toujours, ils ont évité de toucher le cœur ; au contraire de Luther, ils n’ont pas nié le dogme de la présence réelle. Ainsi, le (nouveau) Catéchisme de l’Église catholique, publié en 1992, dit que dans la Synaxe eucharistique, les prêtres « rend[ent] présent et appliqu[ent] dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, l’unique sacrifice du Nouveau Testament, celui du Christ S’offrant une fois pour toutes à son Père en victime immaculée » [Voy. le Catéchisme de l’Église catholique (éd. Mame :Plon, 1992), p. 334.]. Dans un petit livre intitulé La Messe et publié avec un « imprimatur », l’auteur affirme que par la Prière eucharistique, l’église « répète les gestes et les paroles de Jésus, qui, toujours efficaces, transforment, par la volonté de Jésus lui-même ; le pain en son Corps et le vin en son Sang » [Voy. La Messe (éd. Téqui, s. d.), p. 37. Voy. également p. 41 : « Adore Jésus dans le pain consacré ».]. Bref, tout paraît parfaitement orthodoxe.

…mais une réalité bien plus sombre

Mais qu’en est-il réellement ? Le 27 juin 2002, Bernard Tissier de Mallerais (un des quatre évêques illégitimement consacrés par Mgr Lefebvre) a parlé de la « suppression d’un pouvoir d’offrir et de consacrer le Corps et le Sang du Christ » [Voy. son sermon prononcé le 27 juin 2002 et consultable sur : http://www.sspx.ca/Communicantes/Oct2002/French/Sermon _des_ordination.htm]. Il a raison, car dans l’ancien rite, le prêtre offrait à Dieu le pain et le vin en récitant la prière de l’Offertoire (« Suscipe, sancte Pater… » ; « Offérimus tibi, Dόmine… ») ; puis il demandait à l’Esprit-Saint de bénir Lui-même ces dons (« Veni sanctificátor… »). Par conséquent le pain et le vin étaient en état d’oblation depuis l’Offertoire, signifiant par là qu’ils allaient réellement devenir le Corps et le Sang de la Victime (miracle de la Transsubstantiation). Voilà d’ailleurs pourquoi, après l’offrande, le prêtre traçait un signe de croix et déposait le pain sur le corporal : le signe de croix rappelait clairement l’immolation de la Victime et le corporal symbolisait le linceul dans lequel fut mis le corps de Jésus. Notons en outre que la première prière de l’Offertoire était à la première personne du singulier, ainsi que celle qui était récitée immédiatement après l’Ite Missa est. Le prêtre disait (traduction française) : « Recevez, ô Père Saint […] cette hostie sans tâche que je vous offre, moi, votre indigne serviteur […] pour tous les assistants » ; puis : « Trinité sainte, que l’hommage de ma servitude vous soit agréable, afin que ce sacrifice que j’ai offert… » (je souligne). On ne pouvait être plus clair, et c’est ce qui faisait de la Messe un vrai sacrifice propitiatoire au cours duquel le prêtre catholique était bien plus qu’un simple pasteur : il était l’auteur personnel d’une action distincte de la prière et l’agent d’une oblation vraiment sacrificielle. D’où ce qu’écrivait Mgr Lalieu en 1922 dans son livre intitulé : La Messe : « Le Sacrifice Eucharistique est offert par le prêtre qui […] agit en qualité de ministre, secondaire mais nécessaire, de l’Eucharistie ; car Jésus ne peut pas offrir son Sacrifice non sanglant, sans recourir au ministère du prêtre » [Voy. Mgr Lalieu, La Messe (éd. Desclée, De Brouwer et Cie, 1922), pp. 47-48.].

Dans le nouveau rite, cependant, la prière d’Offertoire a été purement et simplement supprimée ; elle est remplacée par une simple bénédiction de la table juive : « Tu est béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain/vin, fruit de la terre/vigne et du travail des hommes. Nous te le présentons… ». Cette bénédiction est en outre faite au pluriel, laissant croire que le prêtre est un simple pasteur parmi l’assistance. Afin de mieux faire avaler la pilule, les membres de l’assemblée « présentent » ce pain et ce vin à Dieu (« Nous te le présentons… »), ce qui devait rappeler aux fidèles plus chatouilleux que les autres l’offrande de jadis (car dans « présenter », il y a « présent », c’est-à-dire « cadeau que l’on offre »). Mais tout cela n’est qu’illusion, puisque l’Offertoire a été purement et simplement supprimé, tout comme le tracé du signe de croix et le dépôt du pain sur le corporal. Un pain qui n’est d’ailleurs plus le Corps de Jésus mais le « pain de vie » et un vin qui n’est plus le Sang de Jésus mais le « vin du Royaume éternel ». Nous sommes donc bien en présence d’un rite de type protestant (rappelons que Luther haïssait en premier lieu l’Offertoire qu’il supprima) qui ne nécessite plus un prêtre, mais un simple pasteur.

Réponse à ceux qui contredisent cette analyse

Cette analyse, je le sais, sera contredite par ceux qui ont accepté les changements de Vatican II. Ils m’opposeront notamment :
- que dans le missel traditionnel, les prières de Canon sont systématiquement au pluriel et que cela ne fait pas pour autant du prêtre un simple pasteur parmi les fidèles ;
- que l’utilisation du singulier ou de pluriel est une « question d’époque » : le singulier est issu le la piété médiévale « volontiers personnelle », le pluriel de la piété antique « plus volontiers ecclésiale » ;
- que jusqu’au VIIIème siècle, l’Offertoire se réduisait à la Secrète. Les autres prières étaient inconnues, elle ne sont apparues qu’après [Voy., par exemple, l’étude du père Emmanuel, moine au Barroux, paru dans La Nef et consultable sur Internet (http://www.jesusmarie.com).].
A cela je réponds tout d’abord avec le bon sens profane : si, vraiment, l’utilisation du singulier ou du pluriel n’a aucune importance, et puisque toutes les prières du Canon dans le missel traditionnel étaient au pluriel, pourquoi ne pas avoir tout uniformisé ? Pourquoi cette première prière au singulier au début de l’Offertoire, alors que toutes celles qui vont suivre sont au pluriel ? La réponse est aisée : cette première prière rappelle que le prêtre agit seul, en tant que ministre secondaire de l’Eucharistie. Mais il précise bien qu’il officie « pour tous les chrétiens vivants et pour tous les chrétiens vivants et morts ». Voilà pourquoi après avoir offert le pain en disant « je » (offreo), il continue et offre le calice en disant « nous » (Offérimus). En procédant ainsi, tout est clair : certes, les fidèles participent — par leur présence, en suivant et en chantant du mieux possible les prières liturgiques et par la réception sacramentelle de l’Eucharistie — mais c’est le prêtre qui agit seul parce que lui seul a reçu le pouvoir de le faire. Dès lors, il est clair qu’en supprimant l’Offertoire et en ne gardant que des prières au pluriel, les promoteurs de Vatican II ont gravement nui à la liturgie.
Mais il y a plus fort encore, au point de vue catholique. Lorsque, conformément aux décisions du Concile de Trente, Saint Pie V entreprit la réforme qui allait aboutir au rite portant son nom, il s’entoura certes de ses plus savants collaborateurs (en particulier le Cardinal Sirtelo), mais surtout, il reçut l’assistance spéciale du Saint Esprit. Dans sa Bulle Quo primum tempore, il l’a clairement rappelé, écrivant : « Nous avons tourné avec amour notre esprit et nos forces, et dirigé toutes nos pensées vers ce qui était de nature à conserver la pureté du culte de l’Église, et, avec l’aide de Dieu Lui-même, Nous Nous sommes efforcés de le réaliser en plénitude ». Dès lors, comment croire que le missel publié sous Saint Pie V ait pu être autre chose qu’une œuvre de Dieu, parfaite comme le sont toutes ses œuvres, donc non susceptible de remise en cause pour de prétendues améliorations (qu’elles soient présentées comme des nouveautés ou des retours à la pureté originelle) ? Telle est la raison principale pour laquelle, en tant que Catholique, je rejette tous les raisonnements de ceux qui prétendent justifier l’adoption du Nouvel Ordo Missae.
Dans sa Bulle, d’ailleurs, Saint Pie V déclarait :

Par notre présente constitution, qui est valable a perpétuité, Nous avons décidé et Nous ordonnons, sous peine de notre malédiction, que pour toutes les autres églises précitées [celles dans lesquelles un même type de missel était utilisé depuis au moins 200 ans] l'usage de leurs missels propres soit retiré et absolument et totalement rejeté et que jamais rien ne soit ajouté, retranché ou modifié à Notre Missel que nous venons d'éditer. Nous avons décidé rigoureusement pour l'ensemble et pour chacune des églises énumérées ci-dessus, pour les Patriarches, les Administrateurs et pour toutes autres personnes revêtues de quelque dignité ecclésiastique, fussent-ils même Cardinaux de la Sainte Église Romaine ou aient tout autre grade ou prééminence quelconque, qu'ils devront, en vertu de la sainte obéissance, abandonner à l'avenir et rejeter entièrement tous les autres principes et rites, si anciens fussent-ils, provenant des autres missels dont ils avaient jusqu'ici l'habitude de se servir, et qu'ils devront chanter ou dire la Messe suivant le rite, la manière et la règle que Nous enseignons par ce Missel et qu'ils ne pourront se permettre d'ajouter, dans la célébration de la Messe, d'autres cérémonies ou de réciter d'autres prières que celles contenues dans ce Missel.
Et même, par les dispositions des présentes et au nom de Notre Autorité Apostolique, Nous concédons et accordons que ce même Missel pourra être suivi en totalité dans la messe chantée ou lue, dans quelque église que ce soit, sans aucun scrupule de conscience et sans encourir aucune punition, condamnation ou censure, et qu'on pourra valablement l'utiliser librement et licitement, et cela à perpétuité. Et, d'une façon analogue, Nous avons décidé et déclarons que les Supérieurs, Administrateurs, Chanoines, Chapelains et autres prêtres de quelque nom qu'ils seront désignés, ou les religieux de n'importe quel ordre, ne peuvent être tenus de célébrer la Messe autrement que nous l'avons fixe, et que jamais et en aucun temps qui que ce soit ne pourra les contraindre et les forcer a laisser ce Missel ou à abroger la présente instruction ou la modifier, mais qu'elle demeurera toujours en vigueur et valide, dans toute sa force […]

Voilà pourquoi, pendant quatre siècles, aucun catholique authentique n’osa ni modifier le missel imprimé sous S. Pie V [L’œuvre de S. Pie V fut uniquement « complétée » : une première fois en 1604, sous Clément VIII, pour la révision des textes de l’Écriture ; une deuxième fois trente ans plus tard, sous Urbain VIII, pour l’exécution typographique définitive] ni remettre en cause la Messe dite de S. Pie V. Il a fallu attendre Vatican II pour que des individus prétendissent réformer l’œuvre de Dieu dans un souci de pureté originelle. Quel orgueil, et quelle abomination !

La conclusion que j’en tire concernant Jean-Paul II:

Simple catholique converti, je ne prétends nullement faire de la théologie de haut vol. Je ne fais que constater des évidences : en tant que continuateur de l’œuvre de Paul VI et de sa liberté religieuse, Jean-paul II n'a pas professé la foi de Jésus-Christ ; en tant que complice des novateurs, Jean-Paul II na pas participé aux mêmes sacrements que l’Église. Monseigneur Lefebvre a donc eu raison lorsque :
- le 16 janvier 1988 dans Le Figaro, il parla d’une « église [à Rome] qui n’a plus la foi catholique » et ajouta : « dans l’église de Rome, il n’y a plus que des schismatiques qui n’ont pas la foi catholique ».
- dans son sermon du 2 septembre 1977, il déclara (je souligne) : « Si nous étudions ce qui est enseigné aujourd’hui dans la nouvelle religion, nous nous apercevons qu’ils n’ont plus la même foi, le même Credo, le même Décalogue, la même Messe, les mêmes Sacrements, ils n’ont plus le même Notre Père. »
- dix ans plus tard, il lança au « cardinal » Ratzinger (devenu Benoît XVI) : « c’est vous qui avez inventé une église nouvelle, pas nous, c’est vous qui avez fait de nouveaux catéchismes, de nouveaux sacrements, une nouvelle messe, une nouvelle liturgie, ce n’est pas nous » (Voy. Fidéliter, 29-30 juin 1988, p. 13).
Or, je vous rappelle que selon le Grand catéchisme de S. Pie X, (partie I, ch. X, § 2) : « L’Église catholique est la société ou la réunion de tous les baptisés qui, vivant sur la terre, professent la même foi et la même loi de Jésus-Christ, participent aux mêmes sacrements et obéissent aux pasteurs légitimes, principalement au Pontife Romain ». Par conséquent, Jean-Paul II n’appartient pas à l’Église, et s’il n’y appartient pas, il ne peut assurément pas en être le pape, « parce que étant hors de l’Église, il ne peut posséder les clés de l’Église » (Saint Antonin, archevêque de Florence).

Une autre façon de le démontrer est la suivante : sachant que certains enseignements de Vatican II sont contraires à la Tradition et que la première mission de l’Église est de conserver l’intégrité du dépôt de la foi, on en déduit que l’église conciliaire n’est pas l’Église. Or, comme « il n’y a et il ne peut y avoir qu’une seule véritable Église » (voy. Grand Catéchisme de S. Pie X, ch. X, § 2, q. 8), c’est que l’église conciliaire n’est pas catholique ; elle est schismatique. Et comme on ne saurait appartenir en même temps à l’Église et à une communauté schismatique, on en déduit qu’en tant que chef de l’église conciliaire, K. Wojtyla n’appartient pas à l’Église catholique. Donc il ne peut en être le chef, donc il n’est pas pape…

Sur les « bonnes œuvres » de Jean-Paul II

Ne pas s’illusionner

Sans doute m’opposerez-vous ses bonnes œuvres : son opposition résolue à la contraception, au mariage des prêtres, sa dévotion mariale, son insistance pour la récitation du chapelet, sa défense de la famille, sa récente « encyclique » sur l’Eucharistie… Tout cela, je ne le conteste pas. Mais là encore, il faut se méfier. Dom Guéranger a écrit des ennemis de l’Église : « la secte ne nie jamais formellement le dogme qu’elle déteste ; son succès, son existence même dépendent de sa discrétion. Elle doit garder un point de contact avec l’orthodoxie, en même temps qu’elle s’entend, par-dessous terre, avec l’hérésie » [Voy. Dom Guéranger, Institutions Liturgiques, t. 2, p. 182). De son côté, Salomon a dit : « j’ai vu des méchants portés en sépulture, emmenés loin du lieu saint, et loués dans la ville pour leurs actions » (Ecclésiaste, VIII, 10). Preuve que pendant leur vie, ils étaient dans le lieu saint, et qu’ils accomplissaient aussi des bonnes œuvres qui ont pu faire illusion.

Les enseignements à tirer de l’Apocalypse

Notez enfin que dans l’Apocalypse, Saint Jean voit le « puits de l’Abîme » ouvert, avec de la fumée qui en monte et des sauterelles qui en sortent, sauterelles auxquelles est donné « un pouvoir semblable à celui qu’ont les scorpions » (Apoc., IX, 2-3). D’après Saint Thomas, la fumée représente la « vaine et dépravée doctrine de l’Antéchrist » et les sauterelles la cohorte de « faux prédicateurs dans l’Église » (Saint Thomas, Exp. I, in Apoc. IX, 3). Et pourquoi ont-elles le pouvoir des scorpions ? Le saint docteur répond : « [Les scorpions] pincent traîtreusement par leur queue cachée. C’est ainsi que ceux-ci [les faux prédicateurs] duperont en usant de paroles trompeuses…, et comme au début la morsure du scorpion n’est pas ressentie mais ensuite son venin diffuse peu à peu à travers tout le corps et donne la mort au mordu, ainsi ceux qui seront dupés par ces précurseurs de l’Antéchrist ne sentiront point au commencement la tromperie […] » (Id.). Plus loin, il précise que ces sauterelles au pouvoir de scorpions montrent « une face douce et caressante, afin d’atteindre plus facilement l’âme, mais une fois à leur portée, leur queue cachée inflige une morsure pénétrante, comme les hérétiques allèchent par des paroles et un extérieur plein de douceur, mais ils tuent traîtreusement, spirituellement par les erreurs […] » (Saint Thomas, Exp. I, in Apoc. IX, 4).
C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Les « conciliaires » montrent une face douce et caressante : ils arrivent à nous avec de bonnes paroles (tolérance, respect, progrès…) ; ils répètent que leurs innovations sont conformes à la tradition (« ce Concile du Vatican scrute la tradition sacrée et la sainte doctrine de l’Église d’où il tire du neuf en constant accord avec le vieux » [Dignitatis Humanae, 1]) ; ils opèrent des changements imperceptibles (suppression du « ut », d’un signe de croix, d’un dépôt sur le corporal…) ou choisissent des termes ambigus (« nous vous le présentons », « pain de vie », « vin du Royaume éternel ») afin de ne pas offusquer. Mais c’est ainsi qu’ils promeuvent des enseignements déjà condamnés, changent les sacrements et transforment la Messe en repas protestant, semant traîtreusement la mort spirituelle.

Petrus.

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La discussion

images/icones/croix.gif L'église conciliaire est-elle l'Eglise catholique [...] par Petrus (2005-05-03 00:31:05)
     images/icones/vatican.gif fausse question, la seule question est par Pax (2005-05-03 00:55:22)
         images/icones/neutre.gif réponse par Petrus (2005-05-03 08:26:52)
         images/icones/livre.gif Well, au sens strict ... par PGM (2005-05-03 18:51:42)
     images/icones/neutre.gif Humm par Etienne (2005-05-03 01:02:27)
         images/icones/carnet.gif Une distinction "suffisante" ? par N.M. (2005-05-03 08:12:43)
     images/icones/bravo.gif Merci, cher Petrus, par Abbé Hervé Belmont (2005-05-03 05:51:40)
     images/icones/bulle.gif DH par Justin Petipeu (2005-05-03 09:08:10)
         images/icones/1b.gif Hum. par XA (2005-05-03 09:14:27)
             images/icones/fleur.gif Présentation par Justin Petipeu (2005-05-03 09:37:07)
         images/icones/neutre.gif Réponse par Petrus (2005-05-03 09:25:53)
             images/icones/carnet.gif 12/01/1966 par Justin Petipeu (2005-05-03 09:35:29)
                 images/icones/hein.gif Portée nulle, disiez-vous ? par Ion (2005-05-03 10:09:09)
                     images/icones/fleche2.gif Oui, cher Ioan, vous avez raison : par Abbé Hervé Belmont (2005-05-03 10:19:45)
                         images/icones/carnet.gif Exactement par Justin Petipeu (2005-05-03 10:27:24)
                             images/icones/idee.gif Justement par N.M. (2005-05-03 13:37:29)
                         images/icones/1a.gif Intéressant ... par Ion (2005-05-03 10:40:22)
                     images/icones/nul.gif Pardon ??? par Justin Petipeu (2005-05-03 10:24:48)
                         images/icones/1h.gif Pardon ??? par Ion (2005-05-03 10:36:03)
                             images/icones/carnet.gif nuance par Justin Petipeu (2005-05-03 10:40:19)
                                 images/icones/hein.gif Et bien justement, pourquoi ... par Ion (2005-05-03 10:44:33)
                 images/icones/croix.gif Autorité de Vatican II (débat avec Justin) par Petrus (2005-05-03 14:22:35)
             images/icones/fleche2.gif Ainsi que la référence ... par Ion (2005-05-03 10:07:03)
                 images/icones/neutre.gif Infaillibilité de Vatican II par Semur (2005-05-03 10:36:44)
                 images/icones/carnet.gif voici : par Justin Petipeu (2005-05-03 10:38:09)
                     images/icones/fleche2.gif J'aurais préféré une déclaration ... par Ion (2005-05-03 10:49:38)
                         images/icones/4b.gif Jean XXIII n'est pas pape ??? par Justin Petipeu (2005-05-03 12:24:22)
                             images/icones/1g.gif D'ergoter, non, mais de vous demander ... par Ion (2005-05-03 12:44:58)
                     images/icones/carnet.gif En plus ... par PGM (2005-05-03 20:17:14)
                         images/icones/carnet.gif A propos de l'intervention Felici par N.M. (2005-05-03 22:53:31)
     images/icones/attention.gif Portez plainte pour hérésie par Troubadour (2005-05-03 12:59:20)
         images/icones/tao.gif Porter un jugement par N.M. (2005-05-03 20:41:55)